La censure joyeuse : Quand la RTBF revêt l’habit du Big Brother

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Il est des moments où l’histoire se rit d’elle-même, où les grandes tragédies du passé se déclinent en farces contemporaines. Ainsi, la RTBF, télévision publique belge et fière porteuse du flambeau du « bien », a décidé, dans un geste aussi paternaliste qu’inquiétant, de ne pas diffuser en direct le discours de Donald Trump. Ah, la prudence éditoriale ! Quelle noble cause que de préserver les masses belges, ces créatures apparemment fragiles et influençables, des méfaits verbaux d’un homme politique controversé. Mais soyons sérieux : sous couvert de responsabilité éditoriale, c’est la censure qui s’avance, masquée, hypocrite, et toujours aussi satisfaite d’elle-même.

Quand la censure se fait douce, elle n’en est que plus dangereuse.

Aurélie Didier, ou l’Enfant du Big Brother

Pour justifier ce coup d’éclat moral, Aurélie Didier, directrice éditoriale de la RTBF, a invoqué les propos passés de Donald Trump – racistes, misogynes, nous dit-elle. Comme si la mémoire collective ne pouvait survivre qu’à travers le filtre bienveillant des « experts autoproclamés du camp du bien ». Vous savez, ces mêmes experts qui, la main sur le cœur et l’œil humide, décident ce que les citoyens peuvent voir, entendre, et peut-être même penser. Orwell, dans son roman 1984, n’aurait pas pu imaginer meilleure incarnation de son Ministère de la Vérité. Aurélie Didier est une enfant du Big Brother, non pas par malveillance, mais par conformisme. Elle est convaincue de faire le bien, ce qui est toujours la première étape vers les pires dérives.

La liberté d’expression est un virus que les censeurs modernes cherchent à éradiquer.

Cette décision de la RTBF est présentée comme un « cordon sanitaire », une expression qui sonne comme une prévention contre un virus. Et quel est ce virus, sinon une idée ? Car oui, dans nos sociétés post-modernes, la grande épidémie n’est plus la peste, mais la liberté d’expression. Cette dernière doit être contrôlée, limitée, et à défaut, censurée. Là où Orwell voyait des écrans omniprésents qui surveillent, nos élites progressistes rêvent d’écrans épurés, expurgés, ne diffusant que des images et des discours jugés « bons ». Il ne s’agit plus de surveiller les masses, mais de les purifier.

La Tyrannie des Bons Sentiments

Mais revenons à cette censure en différé. Car oui, il faut bien le dire, la censure moderne n’est plus brutale, elle est feutrée, lissée, presque douce au toucher. Ici, pas de coupures abruptes ou de punitions spectaculaires, mais un « léger décalage ». Ce décalage, dit-on, permet aux journalistes de filtrer les propos inacceptables avant qu’ils n’atteignent les oreilles des citoyens. On se prend à imaginer un collège de sages, penchés sur leurs écrans, jaugeant chaque mot, chaque intonation, comme des censeurs de l’Ancien Régime, mais avec le sourire en prime.

La RTBF, en prétendant protéger, infantilise les masses et trahit la démocratie.

Cette tyrannie des bons sentiments, ce « care » éditorial, finit par étouffer tout débat. En prétendant protéger les masses, on les infantilise. En déclarant vouloir éviter la haine, on supprime toute contradiction. Le discours n’est plus une confrontation d’idées, mais une validation perpétuelle de ce que l’on déjà croit. La RTBF, dans sa quête de pureté, finit par adopter les méthodes mêmes qu’elle prétend combattre. Orwell, encore lui, aurait eu de quoi se régaler : la lutte contre le fascisme mène à des pratiques totalitaires.

Le Camp du Bien en Déroute

Cette censure est une illustration de la perte de contrôle du récit par le « camp du bien », celui qui se présente comme le défenseur des opprimés. Et c’est bien cela qui inquiète les élites. Voir Donald Trump, symbole controversé de la démocratie populiste, rassembler encore des foules, c’est pour eux une humiliation insupportable. Alors on censure, on édulcore, on prétend protéger. Mais au fond, ce qui les hante, ce n’est pas Trump, mais leur propre impuissance à enrayer l’essor de ceux qu’ils détestent.

Cette « bataille culturelle » – car c’en est une – ne se joue plus sur le terrain des idées, mais sur celui de la censure. On ne déboulonne plus seulement des statues, on efface des discours. Mais en agissant ainsi, le « camp du bien » ne fait que se trahir. Car la liberté d’expression, étouffée sous prétexte de responsabilité, finit toujours par se venger.

La Liberté d’Expression : Une Question de Survie

Et que dire de l’argument de la responsabilité éditoriale ? Qu’il n’est qu’une excuse commode pour justifier la peur. Car oui, c’est bien de peur qu’il s’agit : peur de choquer, peur de contrarier, peur d’être accusé de complaisance. La RTBF, comme tant d’autres institutions publiques, se réfugie dans une posture de « safe space » éditorial. Mais cette posture n’est rien d’autre qu’une abdication. En choisissant de ne pas diffuser en direct le discours de Donald Trump, elle renonce à sa mission première : informer, et non éduquer.

La liberté d’expression, c’est une urgence contemporaine : une réalité incontournable que nous devons défendre sans relâche. Cette liberté n’est pas un luxe, ni une faveur, mais une condition sine qua non de toute démocratie. L’Histoire regorge de régimes qui, au nom du bien, ont sombré dans le pire. La RTBF ferait bien de méditer cette leçon, avant que son « cordon sanitaire » ne devienne une corde qui l’étouffe elle-même.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Antoine Leroy
Antoine Leroy
Étudiant en philosophie à la Sorbonne, Antoine Leroy, 23 ans, est fasciné par les grands débats intellectuels, mais aussi par les petites incohérences du quotidien. Avec EnAlerte.fr, il mêle réflexion profonde et ironie mordante pour faire vaciller les certitudes et provoquer des questionnements nécessaires.

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