Emmanuel Macron, le Président TikTok : Diplomatie d’influence ou mise en scène ?

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Emmanuel Macron aime surprendre. Sa diplomatie aussi. Après avoir bousculé le protocole républicain par ses coups de communication détonants, le voilà qui tente de s’imposer sur la scène internationale comme le chef de file d’une Europe orpheline d’un allié américain en retrait. Depuis l’élection de Donald Trump, il s’agite, parle de souveraineté européenne, réunit les grands dirigeants du continent à l’Élysée et s’efforce d’apparaître comme l’homme qui fait bloc face à la menace russe. Mais derrière ces gesticulations, une question demeure : cette hyperactivité diplomatique relève-t-elle d’une réelle ambition stratégique ou d’un simple exercice de posture ?

Macron joue les chefs d’orchestre, mais la musique résonne comme une symphonie inachevée.

Le retour de Trump aux affaires a de quoi inquiéter les chancelleries européennes. L’ancien président, fidèle à lui-même, joue à l’idiot utile du Kremlin, reprenant les éléments de langage russes avec un aplomb déconcertant. À l’entendre, Volodymyr Zelensky serait un tyran, l’Ukraine la seule responsable du conflit, et la paix ne pourrait être obtenue qu’au prix d’une capitulation de Kiev. Un marché de dupes où l’Amérique, grande prêtresse de la realpolitik trumpienne, imposerait ses conditions sans même consulter ses alliés. Face à cette perspective, Macron voit une opportunité : celle de réaffirmer son discours sur la souveraineté européenne, longtemps ignoré, désormais légitimé par l’abandon progressif des États-Unis.

Sauf que les incantations ne suffisent pas à masquer la réalité : la France, à elle seule, ne peut combler le vide laissé par Washington. Paris ne dispose ni de la puissance militaire ni du poids économique pour assumer un tel rôle. L’Allemagne, engluée dans ses contradictions, regarde ailleurs, et le reste de l’Europe demeure trop fragmenté pour constituer un véritable contrepoids. Loin de construire une alternative crédible, Macron semble donc condamné à l’exercice du verbe, multipliant les déclarations martiales tout en évitant soigneusement toute action trop engageante.

Dans l’ombre de la Maison-Blanche, l’heure est à la préparation. Macron sait qu’il devra affronter Trump et, pour ce faire, il mise sur la flatterie, la persuasion et l’ego surdimensionné du milliardaire. Il s’imagine déjà, en tête-à-tête avec lui, l’œil brillant, la voix grave, distillant un argumentaire habile où il lui rappellera son obsession de l’image : être faible, ce n’est pas son style. Se plier à Poutine ? Une honte pour un homme qui veut rester dans l’histoire comme un leader fort.

Mais cette stratégie repose sur un pari risqué. Trump, à l’instar de bien des dirigeants populistes, ne répond pas à la logique rationnelle des diplomates traditionnels. Il méprise les alliances, se nourrit du chaos et prend ses décisions au gré de ses humeurs. Le convaincre par des artifices rhétoriques relève donc de l’illusion. Plus encore, cette approche révèle une faiblesse fondamentale : Macron, faute de leviers concrets, ne peut que chercher à influencer un homme qui, par nature, échappe à toute influence.

Un Président TikTok peut-il vraiment faire de la haute diplomatie ?

Autrefois, la diplomatie se jouait dans l’ombre. Les grandes négociations internationales se tenaient à huis clos, dans le silence feutré des salons officiels. Aujourd’hui, Macron a décidé d’en faire un spectacle. Il ne convoque plus la presse française, préférant s’adresser directement à la jeunesse via TikTok et X, contournant les médias traditionnels pour mieux contrôler son image. Une stratégie de communication qui, si elle séduit une partie de l’opinion, pose aussi une question cruciale : un président peut-il diriger un pays comme un influenceur anime son audience ?

Car en transformant la diplomatie en performance, Macron s’expose à un danger majeur : la perte de crédibilité. À force de privilégier la mise en scène sur le fond, il risque de donner l’impression d’un leader plus soucieux de son storytelling que de l’efficacité de son action. Or, face à des adversaires tels que Poutine ou Trump, la communication ne remplace pas la force, et les likes ne pèsent pas lourd dans la balance du pouvoir.

L’Europe peut-elle se contenter d’un leader en quête d’influence ?

Macron veut être le chef d’orchestre d’une Europe souveraine, mais la musique qu’il joue résonne plus comme une symphonie inachevée que comme une partition maîtrisée. Son ambition est grande, sa vision pertinente, mais faute d’instruments pour la réaliser, il se retrouve réduit à jouer en solo, multipliant les coups d’éclat médiatiques sans jamais véritablement peser sur le cours du monde. Un Président TikTok peut-il vraiment faire de la haute diplomatie ? L’avenir le dira. Mais pour l’heure, l’Histoire préfère les stratèges aux illusionnistes.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Jeanne Martin
Jeanne Martin
Jeanne Martin, 42 ans, est fonctionnaire en préfecture à Tours. Attachée aux valeurs républicaines et confrontée aux réalités du terrain, elle a rejoint EnAlerte.fr pour donner une voix à ceux qui se sentent oubliés. Avec une plume analytique et engagée, Jeanne écrit pour éclairer les défis sociétaux avec pragmatisme et justesse.

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