On connaît la chanson. L’Algérie nous humilie, et la France encaisse. L’Algérie refuse de reprendre ses clandestins, et la France continue de leur servir des allocations. L’Algérie laisse partir ses islamistes radicalisés semer la mort sur notre sol, et la France se demande encore comment amadouer le régime de Tebboune. L’Algérie nous insulte, et la France baisse les yeux. Jusqu’à quand ?
La dernière gifle en date nous vient du refus catégorique d’Alger de reprendre le terroriste de Mulhouse, responsable d’un attentat islamiste. Un homme de nationalité algérienne, vivant en France sans raison valable, qui a ensanglanté notre pays… et que son propre gouvernement refuse de récupérer. Ce n’est pas la première fois. Ce ne sera pas la dernière. Et que fait Paris ? Un communiqué poli. Un soupir. Un haussement d’épaules. La diplomatie de la carpette dans toute sa splendeur.
L’Algérie fait la loi… et nous, on rédige des rapports.
On pourrait croire que la France a tiré des leçons de son passé. Après des décennies d’atermoiements, après avoir subi les exigences de la junte algérienne comme une maîtresse soumise, on pouvait espérer un réveil. Mais non. La peur de froisser Alger reste le principe sacro-saint de notre politique étrangère. L’Algérie bloque des expulsions ? On négocie. L’Algérie laisse prospérer des réseaux islamistes ? On temporise. L’Algérie nous méprise ? On « entretient le dialogue ».
Bruno Retailleau a été le premier à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : nous avons tendu la main à l’Algérie jusqu’à la luxation de l’épaule, et en retour, nous avons pris des baffes. C’était une position isolée, un cri dans le désert. Aujourd’hui, l’évidence s’impose : le temps des concessions est terminé. François Bayrou, pourtant connu pour sa tiédeur, a fini par rompre avec cette mascarade en dénonçant publiquement l’attitude inacceptable de l’Algérie.
L’Algérie a besoin de la France bien plus que la France n’a besoin de l’Algérie. Mais ça, nos dirigeants semblent l’ignorer. Qui finance les retraites algériennes ? Qui soigne ses élites dans nos hôpitaux ? Qui accorde des centaines de milliers de visas chaque année ? Qui laisse des flux financiers douteux transiter librement ? La France. Et pourtant, nous continuons à nous comporter comme si l’Algérie nous rendait service.
Paris sert la soupe, Alger nous crache dedans.
Et pendant ce temps, Jean-Noël Barrot, notre ministre des Affaires étrangères, nous explique doctement qu’il faut « éviter de brusquer » le régime Tebboune. Mais enfin, de quoi a-t-on peur ? Que l’Algérie rompe les relations diplomatiques ? Quelle menace pèse réellement sur la France ? À croire que nos élites sont prises d’un syndrome de Stockholm géopolitique.
L’affaire Boualem Sansal aurait dû nous ouvrir les yeux. Cet écrivain franco-algérien, détenu en Algérie pour « atteinte à l’unité nationale », n’est qu’un pion dans un jeu où Paris refuse de jouer. Notre ambassade murmure son inquiétude, mais ne fait rien. Le Quai d’Orsay rédige des notes creuses, mais n’agit pas. L’État algérien sait qu’il peut agir en toute impunité, car la France, de peur d’un esclandre, ne réagira jamais.
Pourtant, nous avons tous les moyens de riposter. Un gouvernement sérieux commencerait par suspendre les accords bilatéraux de 1968, qui accordent aux Algériens des droits exorbitants en matière de séjour et d’emploi en France. Il surveillerait enfin les transactions financières et les biens immobiliers détenus par la nomenklatura algérienne en France. Il exigerait des visas pour les passeports diplomatiques algériens et couperait net l’accès privilégié aux soins hospitaliers. Il fermerait les consulats algériens, dont certains servent plus de centres d’influence que d’administration consulaire.
Et si, pour une fois, on traitait l’Algérie comme elle nous traite ?
Mais tout cela suppose une chose : la volonté politique. Et c’est bien là que le bât blesse. Emmanuel Macron a-t-il le courage de cette rupture ? Rien n’est moins sûr. L’homme qui, en 2017, dénonçait la colonisation comme un « crime contre l’humanité » peut difficilement se transformer en défenseur de la fermeté. Tout son logiciel politique repose sur la repentance et l’idée que l’Algérie mérite des égards particuliers. Même face à l’échec manifeste de cette politique, il hésite, temporise, diffère.
Le problème, c’est que la situation devient intenable. La France ne peut plus se permettre d’être perçue comme le paillasson de l’Algérie. Car ce n’est pas seulement une question de dignité nationale : c’est une question de sécurité. L’attentat de Mulhouse aurait-il eu lieu si nous avions une politique migratoire ferme et cohérente vis-à-vis de l’Algérie ? Il y a fort à parier que non.
Alors oui, la question est posée : François Bayrou a ouvert la brèche. Emmanuel Macron suivra-t-il ? Ou continuera-t-il à jouer les équilibristes sur une corde diplomatique qui menace de rompre à tout moment ? Si la France veut encore peser sur la scène internationale, elle doit cesser de courber l’échine devant un pays qui ne la respecte pas. Il est temps de choisir : la soumission ou la souveraineté.