L’affaire pourrait prêter à rire si elle n’illustrait pas la descente aux enfers d’une diplomatie française réduite à un exercice de courbettes et d’atermoiements. Il y a encore quelques décennies, la France dictait ses conditions à l’Algérie, aujourd’hui, elle en reçoit les injonctions sans broncher. L’humiliation est totale : non seulement Alger refuse obstinément de reprendre ses ressortissants, mais elle va jusqu’à exiger la tête du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Et que fait l’exécutif français ? Il parle de « riposte graduée ». Une expression qui, dans la bouche de ce gouvernement, a autant de consistance qu’un souffle dans le vent.
L’Algérie n’a même plus besoin de négocier : elle ordonne, la France obéit.
Car enfin, qui peut sérieusement croire que la France a encore les moyens de menacer l’Algérie ? Depuis des décennies, Paris a multiplié les signes de faiblesse, nourrissant l’arrogance d’un régime qui ne conçoit plus la relation bilatérale que comme un rapport de force à sens unique. On cède sur la mémoire coloniale, on verse des milliards d’aides, on ferme les yeux sur l’entrisme islamiste. En retour, Alger nous méprise et nous intime des ordres. L’histoire n’est qu’une succession de lâchetés qui mènent inexorablement à cette situation : un pays jadis colonisé traitant son ancien maître comme un larbin.
Une riposte graduée ? Mais avec quelles armes, quelle volonté, et quelle crédibilité ?
Bruno Retailleau, en bon soldat d’une droite qui croit encore à la fermeté, tente de donner le change en promettant des mesures de rétorsion. Il évoque des restrictions de visas, des pressions économiques, des expulsions sous contrainte. Sauf que personne ne le croit. Pas même ses alliés. Car au-delà des effets de manche, le système français est incapable de faire appliquer la moindre de ses décisions souveraines. Des clandestins sous OQTF restent en France sans être inquiétés, des refus d’embarquement se multiplient, et chaque tentative d’imposer la loi se heurte à la docilité gouvernementale devant les cris d’orfraie des associations droit-de-l’hommistes et des médias subventionnés.
La diplomatie française n’est plus qu’un théâtre d’ombres où la soumission se pare des habits de la raison.
Mais le comble du ridicule est atteint par Jean-Noël Barreau, ministre des Affaires étrangères, qui, au lieu de soutenir son collègue de l’Intérieur, préfère s’agenouiller devant la Grande Mosquée de Paris dans un simulacre de diplomatie apaisante. L’image est pathétique : pendant que l’Algérie exige une reddition en règle, la France, en quête d’une bénédiction, quémande un peu de paix sociale. Une fois encore, le gouvernement prouve qu’il ne sait plus parler qu’avec des symboles, des incantations, et des postures creuses.
L’Algérie a compris que la France préfère l’humiliation à la confrontation.
L’Algérie a compris la faiblesse intrinsèque de la France et en joue à merveille. Elle sait que Paris ne veut pas de crise, que la seule obsession du gouvernement est d’éviter les vagues, de contenir une communauté algérienne qui se radicalise à mesure qu’elle se sent intouchable. La menace est claire : la France doit céder ou subir les conséquences d’un embrasement dans ses propres banlieues. Cette logique du chantage est vieille comme le monde, et chaque reculade française ne fait que renforcer son emprise.
Mais soyons sérieux : la France a-t-elle encore les moyens d’imposer quoi que ce soit ? Nous vivons dans un pays où des centaines de milliers de personnes en situation irrégulière vivent paisiblement, où les zones de non-droit prolifèrent, où les policiers sont attaqués à coups de mortiers et où le drapeau algérien flotte fièrement dans les rues de Paris les soirs de victoire footballistique. Pourquoi l’Algérie accepterait-elle de reprendre ses ressortissants alors qu’elle sait pertinemment que nous n’avons plus le courage ni la volonté politique de les lui renvoyer ?
On ne négocie pas avec un pays qui vous méprise, on lui impose le respect.
Les leçons de l’histoire sont cruelles. Chaque concession passée nourrit les exigences futures. L’Algérie, qui aurait pu être un partenaire respectueux dans une relation équilibrée, a été encouragée par des décennies de soumission française à pousser toujours plus loin son avantage. Aujourd’hui, elle dicte ses conditions, exige la chute de ministres français et contemple d’un œil amusé un État qui n’a plus que sa faiblesse à offrir.