La démocratie française exécutée au nom du droit : l’inéligibilité de Marine Le Pen ou l’art raffiné du coup d’État sans fusil

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La démocratie française n’est plus malade : elle est sous respirateur, et c’est la magistrature qui tient le tuyau. Une magistrature devenue si fière de son nouveau pouvoir d’élimination qu’elle n’en fait même plus mystère. Marine Le Pen n’est plus seulement une opposante politique, elle est devenue un problème à abattre. Non pas par les urnes, ce qui supposerait une compétition loyale, mais par le glaive tremblant d’une justice idéologiquement contaminée. Le verdict est tombé avec la froideur clinique d’un exécuteur anonyme : cinq ans d’inéligibilité, exécution immédiate, pour une femme que tous les sondages donnaient au second tour de l’élection présidentielle. La ficelle est si grosse qu’elle étouffe. Les juges n’ont plus peur de paraître partiaux, car ils savent que ceux qui devraient les rappeler à l’ordre s’en félicitent en coulisse. L’ennemi est désigné : ce n’est pas la fraude, ce n’est pas l’enrichissement personnel, ce n’est pas la corruption. C’est le suffrage populaire qui ne vote pas comme il faut.

La démocratie n’est pas le règne des procédures, c’est le règne du peuple. Le reste n’est qu’habillage juridique d’une volonté d’élimination.

La France se donne des airs de République quand elle pratique le bannissement à la turque. Il fallait faire taire Le Pen ? Qu’à cela ne tienne. Le juge devient législateur, le parquet devient politique, la justice devient bourreau. Ce n’est pas seulement une condamnation, c’est une déclaration de guerre à une moitié du pays. Une guerre menée avec les gants blancs du juridisme, mais dont le but est tout sauf neutre. Il ne s’agit pas ici de morale mais de mathématique : supprimer celle qui rassemble trop. Et si le peuple ne comprend pas, tant pis pour lui. Il apprendra à se taire, comme on apprend au chien rebelle à ne plus aboyer. Ce n’est pas Marine Le Pen qu’on juge : c’est l’électeur qui vote pour elle. Il est trop nombreux, trop tenace, trop réfractaire à la rééducation morale qu’on lui sert matin, midi et soir dans les radios subventionnées.

Le suffrage devient conditionnel : autorisé si conforme à l’idéologie dominante, interdit s’il menace le système.

Dans ce théâtre macabre, les procureurs ne sont plus des hommes de loi, mais des orateurs militants. L’un d’eux, dans un zèle caricatural, va jusqu’à invoquer le « trouble à l’ordre public » et le « risque de récidive » pour justifier une exécution immédiate. Comme si Marine Le Pen était un pyromane en liberté ou un délinquant sexuel récidiviste. On comprend la manœuvre : faire passer la dirigeante du premier parti d’opposition pour une menace comparable à un déséquilibré armé. On rit jaune, puis on se demande : que restera-t-il demain de la liberté de vote ? Une illusion encadrée par décret ? Un jeu de dupes où l’on ne propose au peuple que des candidats certifiés conformes ? L’électeur français n’a pas été consulté, il a été désarmé. Et ce qui est le plus révoltant, c’est l’assurance tranquille avec laquelle l’inacceptable est devenu normal.

L’exécution immédiate, rendue possible par la loi Sapin II, est l’arme rêvée de l’autocratie légalisée. Il suffit d’un premier jugement pour effacer une candidature. Peu importe l’appel, peu importe la cassation : le coup est porté, la campagne est flinguée. Il n’est pas anodin que cette même mécanique ait servi en Roumanie, où l’on a disqualifié les opposants les plus populaires. On marche sur la tête, mais avec la bénédiction des moralistes de salon. Les mêmes qui, hier encore, pleuraient sur la destitution de Dilma Rousseff ou la persécution de Lula, se frottent aujourd’hui les mains devant la mise à mort politique de la candidate plébiscitée par les masses. C’est qu’il y a, en France, une haine du peuple qui ne dit pas son nom. Une haine viscérale pour tout ce qui ressemble à une majorité non-éclairée.

Quand les juges s’arrogent le droit de disqualifier le peuple, la dictature avance masquée derrière la toge.

Le scandale est d’autant plus immense que les comparaisons sont impitoyables. Fillon, accusé plus gravement, avait pu se présenter. Bayrou, impliqué dans des faits similaires, est toujours ministre. Sarkozy, malgré des condamnations, reste courtisé par la presse chic. Mais Le Pen, elle, devait tomber. Car elle ne fait pas partie du club. Elle ne va pas aux bons dîners, elle ne fréquente pas les mêmes prétoires. Elle parle trop fort, elle dérange trop bien. Alors, on la raye. Et tant pis si la démocratie en crève. Le silence des grands éditorialistes est éloquent. Le mutisme des défenseurs habituels des libertés est révélateur. Aucun mouvement de protestation digne de ce nom, aucune manifestation massive. Pas de « Je suis Marine », pas de tribune dans Le Monde. Rien que le vide, complice, lâche et satisfait.

Mais ce vide n’est pas éternel. Il enfante toujours quelque chose. Quand la loi n’est plus perçue comme juste, elle devient insupportable. Quand la justice devient un instrument d’exclusion politique, elle produit le ressentiment, la colère, puis le rejet. Les élites françaises, croyant neutraliser Marine Le Pen, viennent peut-être de lui offrir un statut qu’aucune campagne électorale ne lui aurait garanti : celui de martyre démocratique. Et il n’est pas exclu que demain, ce soient ses héritiers, ou son électorat déchaîné, qui réclament une revanche que personne ne pourra leur refuser. À force de pousser le peuple dans les cordes, il finit toujours par mordre. La République est prévenue.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Doron Parker
Doron Parker
Doron Parker, 53 ans, vit à Lyon et occupe un poste à responsabilités dans une grande entreprise industrielle. Malgré un emploi du temps chargé, il a fondé EnAlerte.fr pour offrir une plateforme citoyenne où les idées et les opinions peuvent s’exprimer sans crainte de la doxa dominante.

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