Quand parler devient un acte de résistance : le cri d’Arthur dans une France déboussolée

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Il y a dans la voix tremblante mais déterminée d’un homme public, habituellement associé aux plateaux de télévision et aux rires du prime-time, quelque chose de bouleversant lorsqu’elle se brise soudainement sur l’autel de la vérité. Arthur, de son vrai nom Jacques Essebag, n’a pas pris la parole à l’Élysée pour se donner un genre ou pour récolter un énième trophée. Non, ce jour-là, il a parlé parce qu’il ne pouvait plus se taire. Parce que le silence était devenu une forme de soumission, une forme de lâcheté. Et parce que, dans cette République française de 2025, il est devenu nécessaire de recevoir un prix pour le simple fait d’avoir osé dire qu’il est inacceptable de haïr les juifs.

Il faut mesurer l’abîme moral dans lequel nous avons chuté pour que cette évidence-là mérite désormais une décoration. Quand on en arrive à applaudir un citoyen pour avoir affirmé que l’antisémitisme est un mal, c’est que quelque chose, selon les propres mots d’Arthur, s’est cassé. L’intermittent de la lumière cathodique est devenu, à son corps défendant, un veilleur dans la nuit française. Une nuit qui dure depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle des monstres ont déferlé sur Israël avec une sauvagerie qui aurait dû réveiller toutes les consciences. Et pourtant.

L’inaction face aux dérives idéologiques n’est plus une option, mais une complicité.

Arthur n’a pas crié à l’antisémitisme de confort, celui que l’on évoque dans les dîners bourgeois pour s’acheter une bonne conscience. Il a parlé de la peur intime, celle qui vous serre le cœur à la vue d’une étoile de David trop visible, celle qui pousse des parents à cacher leur nom dans une application de taxi, celle qui oblige les étudiants juifs à courber l’échine dans les amphis français. Ce n’est pas une peur lointaine, étrangère, folklorique. C’est une peur nationale. Une peur de citoyen. Une peur de père. Une peur de Français.

Mais ce qui glace le sang plus encore que la menace extérieure, ce sont les défections intérieures. Arthur le dit avec une lucidité douloureuse : les artistes, les penseurs, les humanistes, ceux qui se levaient jadis pour toutes les causes, sont aujourd’hui étrangement absents. Ou pire, flous, tièdes, ambigus. À force de vouloir tout relativiser, on finit par ne plus s’indigner. À force de ne pas vouloir « stigmatiser », on devient complice d’un silence assourdissant. Et ce silence, ce n’est plus seulement un abandon moral, c’est une abdication civilisationnelle.

Le silence de ceux qui savent mais se taisent est la trahison la plus impardonnable.

Il ne s’agit pas ici de faire d’Arthur un héros. Il s’en défend lui-même. Il se dit simplement homme, père, Français, juif. Mais dans une époque où ceux qui hurlent leur haine sont glorifiés et où ceux qui défendent la République doivent le faire en se planquant, il faut un certain courage pour parler. Pour dire ce qui dérange. Pour refuser de baisser les yeux.

Arthur ne se tait pas. Il parle parce qu’il sait que chaque mot juste est un rempart contre le fanatisme. Il parle pour ceux qu’on fait taire. Il parle pour les synagogues vandalisées, les écoles sous protection policière, les cimetières profanés. Il parle pour rappeler que la haine antisémite n’est jamais anodine, qu’elle est toujours le signal d’alarme d’une société qui se désagrège.

Et pendant que certains rêvent de coexistence en dessinant des arcs-en-ciel sur des slogans creux, la haine, elle, avance. Elle n’a plus peur, elle s’affiche. Elle n’est plus dans les marges, elle est dans les rues. Elle ne se contente plus de murmures, elle écrit sur les murs. Elle se donne des allures de combat juste, elle infiltre les universités, elle tisse ses réseaux dans les associations, elle parade dans les cortèges où l’on scande « mort aux juifs » sous les applaudissements mous des bien-pensants.

Ce paradoxe illustre l’incapacité d’un système à concilier ses valeurs avec ses actions.

Face à cela, Arthur choisit de ne pas se recroqueviller. De ne pas s’excuser. De ne pas reculer. Il dit que tant qu’il aura une voix, il ne se taira pas. Cette voix-là n’a pas besoin d’être chantée sur scène ou rythmée par un prompteur. Elle a besoin d’être entendue dans l’arène citoyenne. Car aujourd’hui, être un Juif qui parle est un acte politique. Être un Français qui s’indigne est un acte de résistance.

Il y a ceux qui fuient la réalité, qui cherchent des échappatoires, qui préfèrent détourner le regard. Et il y a ceux qui, comme Arthur, regardent l’époque en face, même si elle fait peur, même si elle fait mal. Ils parlent, non par goût de l’héroïsme, mais parce que le silence leur serait fatal. Ce ne sont pas des héros. Mais dans un pays où la vérité devient subversive, leur parole est une forme de bravoure.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Doron Parker
Doron Parker
Doron Parker, 53 ans, vit à Lyon et occupe un poste à responsabilités dans une grande entreprise industrielle. Malgré un emploi du temps chargé, il a fondé EnAlerte.fr pour offrir une plateforme citoyenne où les idées et les opinions peuvent s’exprimer sans crainte de la doxa dominante.

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