Hier encore, au sein même de l’Assemblée nationale, un spectacle effarant s’est offert à ceux qui croient encore que les institutions de la République sont des lieux de débat civilisé. Des journalistes de Frontières, accrédités et détenteurs de leurs cartes de presse, y ont été pris à partie, encerclés, intimidés, sifflés et hués par des collaborateurs et élus de La France Insoumise, visiblement plus épris de meutes que de mots. Que leur reprochait-on ? Un article. Un simple article d’enquête, intitulé « LFI, le parti de l’étranger », trop rigoureux, trop informé, sans doute trop vrai. Et donc, sacrilège. Dans la novlangue insoumise, critiquer devient persécuter, investiguer revient à diffamer, et déplaire relève du blasphème. L’outrage est toujours de l’autre côté du miroir.
Cet épisode dit tout. Tout d’un parti qui ne supporte pas l’existence d’une presse libre dès lors qu’elle n’est pas soumise à sa propre ligne idéologique. Tout d’une mouvance politique qui, sous couvert de progressisme, cultive une vision totalitaire de l’espace public, où le contradicteur est l’ennemi, où le journaliste est un adversaire à faire taire, où l’hémicycle devient le ring d’un théâtre de la menace. La France insoumise n’est plus un simple mouvement parlementaire : c’est un ferment de désordre démocratique.
LFI ne débat pas, elle rugit. Elle ne réfute pas, elle traque. Elle ne convainc pas, elle condamne.
C’est ce qu’elle fait avec les journalistes. C’est ce qu’elle fait avec ses adversaires. C’est ce qu’elle fait, aussi, avec ses propres électeurs, flattés dans leurs pulsions les plus grégaires, abreuvés d’un discours manichéen où la vertu est de leur côté par définition et le vice toujours chez les autres. Mais plus encore, c’est ce que ce parti fait avec la République : il la désacralise, il l’abîme, il l’instrumentalise, jusqu’à la vider de son essence.
Car comment qualifier autrement ce parti qui revendique la liberté d’expression lorsqu’elle consiste à hurler dans les rues mais piétine celle des autres à coups d’insultes et de harcèlement ? Qui se pare de la morale féministe mais détourne les yeux quand le Hamas viole des femmes israéliennes ? Qui brandit la lutte contre le racisme comme un totem, mais nie l’existence de l’antisémitisme islamiste, même quand il explose en pleine rue d’Amsterdam sous leurs acclamations ?
On se souvient de la réponse ignoble d’une députée insoumise à Fabien Roussel, qui dénonçait la chasse aux juifs dans la ville d’Anne Frank : « Ce n’est pas parce qu’ils étaient juifs, mais parce qu’ils soutiennent un génocide ». Une phrase, une seule, qui devrait suffire à disqualifier un parti tout entier. Et pourtant, non seulement elle n’a pas été désavouée, mais elle a été couverte, comprise, contextualisée. Car chez LFI, la parole n’est libre que si elle va dans le sens de la haine autorisée.
Il y a dans l’idéologie insoumise une constante : la victime est légitime uniquement si elle peut servir la cause.
C’est ainsi que les femmes iraniennes martyrisées n’ont droit qu’à un soutien timide. C’est ainsi que les enfants israéliens massacrés ne méritent pas une larme, tandis que les civils palestiniens deviennent l’unique obsession, jusqu’à nier les boucliers humains du Hamas. C’est ainsi que les homosexuels pendus par le Hezbollah n’indignent jamais, tandis qu’un sermon sur l’islamophobie fictive enflamme tous les bancs.
Et ce n’est pas une dérive. C’est une doctrine. LFI est aujourd’hui le seul parti qui, sans honte ni frein, entretient des liens ouverts avec des organisations classées terroristes. Qui se targue de défendre les opprimés tout en flirtant avec leurs bourreaux. Qui se prétend républicain mais refuse de nommer l’extrême gauche à laquelle elle appartient. Il faut lire les prises de parole d’Ersilia Soudais, les tweets de Louis Boyard, les invectives de Thomas Portes, pour comprendre que ce mouvement n’est plus dans l’opposition : il est dans la subversion.
Leur impunité n’est pas seulement idéologique. Elle est judiciaire, médiatique, culturelle.
Imagine-t-on une seule seconde un député du Rassemblement national acheter du chemsex à un mineur dealer sans provoquer une tempête nationale ? Imagine-t-on un élu de droite appeler à empêcher un match France-Israël, ou revendiquer des liens avec le Hezbollah sans finir devant un tribunal ? Mais voilà, l’impunité insoumise protège, dissimule, maquille. Il y a ceux qu’on traque pour une maladresse, et ceux qu’on absout pour des complicités.
Alors, il faut nommer. Il faut dire ce qu’est LFI : un parti d’extrême gauche, profondément antisémite, violemment anti-occidental, sexuellement sélectif, politiquement sectaire. Un parti qui méprise la France réelle, la République exigeante, et la liberté quand elle est partagée. Un parti qui parle au nom du peuple mais ne s’adresse qu’aux foules. Un parti qui instrumentalise tout, des femmes aux pauvres, des migrants aux morts, pourvu qu’ils servent sa cause et son ressentiment.
Et si nous n’y prenons pas garde, ce parti deviendra le visage officiel de notre honte collective. Non pas parce qu’il triomphera électoralement, mais parce que personne n’aura osé lui dire non.
La République ne meurt pas toujours par les armes. Il lui suffit d’un silence, d’un recul, d’un renoncement.
Hier, c’étaient des journalistes. Demain, ce sera un professeur, une association, un maire, un citoyen. LFI ne rêve pas de débattre. Elle rêve de régner. Le totalitarisme commence toujours par les cris. Il finit toujours par les lois.