Trump, mode d’emploi pour la droite française

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Il est des anniversaires qu’on commémore avec ferveur, d’autres avec circonspection. Celui des cent premiers jours de Donald Trump à la Maison-Blanche relève de la seconde catégorie en France, et pour cause : le populisme flamboyant du magnat new-yorkais fait encore grincer bien des mâchoires hexagonales, trop habituées à ne mâcher leurs mots que contre leurs propres compatriotes de droite. Pourtant, dans le tumulte médiatique orchestré à grand renfort de postures morales et d’urticaires diplomatiques, certaines vérités dérangeantes demeurent. Oui, Trump fut outrancier. Oui, il fut brutal. Mais il fut surtout efficace – et c’est précisément ce que la droite française, empêtrée dans ses pudeurs idéologiques et ses calculs d’apparatchiks, devrait regarder en face.

Les esprits précautionneux n’ont retenu de Trump que la caricature : tweets incendiaires, costumes mal taillés et politique étrangère de cowboy. Ils oublient commodément que l’homme avait, à son entrée en fonction, un programme clair, un cap net, et l’audace de l’appliquer. Là où Macron s’égare dans des circonvolutions théâtrales entre Beyrouth et Bruxelles, Trump, lui, a sabré dans la dépense publique, réduit la fiscalité des entreprises, et osé dire ce que d’autres, en Europe, se contentent de penser tout bas : le wokisme est une pathologie politique, non une avancée civilisationnelle. Et cela, la droite française aurait tout intérêt à le méditer plutôt que de se laisser fasciner par les volutes verbeuses de ses pseudo-penseurs.

L’énergie de Trump, si elle fut mal canalisée, fut aussi furieusement efficace.


L’exemple américain révèle, par contraste cruel, la stérilité stratégique du Rassemblement national. Tandis que Trump, imprévisible mais préparé, imposait sa ligne, Marine Le Pen et ses affidés s’échinent depuis une décennie à se lisser, à se blanchir, à se dédiaboliser – avec les résultats que l’on sait : aucune conquête du pouvoir, une parole molle, et une normalisation mortifère. Là où le trumpisme assumait le bras d’honneur au politiquement correct, le RN s’est vautré dans la contrition stratégique, croyant que l’estime des médias valait mieux que la victoire. Grave erreur. En politique, la séduction sans domination n’est que servilité.

La leçon trumpienne tient en une formule brutale mais salutaire : mieux vaut être haï que risible. Cette ligne, Sarah Knafo et Marion Maréchal, admiratrices notoires du président américain, l’ont bien perçue. Mais qu’en ont-elles fait ? Rien ou presque. Leur fascination n’a pas accouché d’un projet. Elles ont préféré les selfies aux stratégies, le clin d’œil au programme. Et la droite française de continuer à se chercher un corps, alors qu’elle dispose sous ses yeux d’un squelette solide. Le trumpisme est un modèle, à condition de le dépouiller de sa vulgarité, pour en conserver la moelle : la clarté, la combativité, la rupture.

Le RN, à force de vouloir ressembler à ce qu’il combat, en a oublié d’incarner ce qu’il prétend défendre.

La France, à l’orée de 2027, a besoin d’une droite qui ne s’excuse pas d’être de droite. Une droite qui regarde en face les fractures identitaires, la dette abyssale, l’ensauvagement quotidien. Une droite qui ne tremble pas devant les tribunaux médiatiques dès qu’elle dit qu’un migrant illégal doit être reconduit à la frontière. Trump, en ce sens, n’a pas cédé. Sa politique migratoire fut ferme, souvent excessive, mais jamais floue. Or, c’est la clarté, et non la démagogie, qui est attendue d’un futur chef d’État.

Mais que la droite française prenne garde. Le trumpisme est une potion puissante : à haute dose, il rend fou. L’arrogance, l’agressivité gratuite, le mépris des institutions, tout cela finit par faire perdre plus que des élections : la crédibilité. Il ne s’agit pas de singer Trump, mais de le transfigurer. De canaliser son énergie pour la mettre au service d’une vision ancrée, cohérente, enracinée dans la tradition française. Il faut à la droite une posture gaullienne et un programme trumpien, non l’inverse.

La droite française devra être radicale dans sa volonté, mais sobre dans sa forme, si elle veut enfin cesser d’être une opposition folklorique.

Que ceux qui s’indignent de l’évocation du nom Trump relisent Tocqueville. L’Amérique a toujours produit ce que l’Europe refoule. En 2016, elle a accouché d’un président que nos salons n’auraient jamais toléré – mais dont les ouvriers de Pennsylvanie, les oubliés de la mondialisation, ont fait leur héros. La droite française, si elle veut retrouver le peuple, doit cesser de vouloir plaire à ceux qui l’ont trahi. Elle doit se souvenir que l’ennemi n’est pas à l’extrême, mais dans l’ambiguïté. Qu’il ne suffit pas d’adoucir sa voix, encore faut-il avoir quelque chose à dire.

Le trumpisme a échoué à se pérenniser, mais il a réveillé une droite assoupie. À la France maintenant de réveiller la sienne.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Doron Parker
Doron Parker
Doron Parker, 53 ans, vit à Lyon et occupe un poste à responsabilités dans une grande entreprise industrielle. Malgré un emploi du temps chargé, il a fondé EnAlerte.fr pour offrir une plateforme citoyenne où les idées et les opinions peuvent s’exprimer sans crainte de la doxa dominante.

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