Boualem Sansal, l’écrivain algérien de renom, se trouve aujourd’hui prisonnier non seulement de son pays, mais aussi d’un système judiciaire qui, par son refus catégorique de permettre à son avocat juif, François Zimeray, d’intervenir en sa défense, révèle l’ampleur de l’antisémitisme d’État en Algérie. Dans ce contexte absurde et révoltant, le régime algérien n’hésite pas à imposer à Sansal le choix d’un avocat « qui ne soit pas juif » s’il espère un jour obtenir sa liberté, marquant ainsi le point culminant d’un apartheid judiciaire qui dépasse de loin les considérations purement politiques pour toucher aux fondements mêmes de la dignité humaine.
Le traitement réservé à Boualem Sansal est symptomatique d’un racisme structurel qui, depuis des décennies, gangrène l’appareil d’État algérien. Dès l’indépendance, la communauté juive du pays, réduite à une présence quasi inexistante, a subi les affres d’une propagande haineuse et d’une exclusion systématique. Aujourd’hui, le même mécanisme de discrimination se perpétue sous la forme d’exigences absurdes et inhumaines qui relèvent d’un véritable lavage de cerveau idéologique. La décision de refuser un visa à François Zimeray n’est pas un cas isolé, mais l’aboutissement d’un processus qui vise à exclure toute représentation juive dans l’appareil judiciaire algérien. Ce choix arbitraire démontre, sans équivoque, que l’Algérie a fait le pari de l’antisémitisme comme pilier de son identité nationale, une identité qui se veut résolument opposée aux valeurs d’égalité et de justice universelle.
Quand l’État impose un choix racial à un détenu, il ne s’agit plus de justice, mais d’un calcul cynique pour maintenir une idéologie de haine.
Les élites algériennes, quant à elles, ne manquent pas d’illustrer l’hypocrisie la plus crasse. Alors que le régime impose une exclusion basée sur la religion dans le cadre judiciaire, il se permet de bénéficier des avantages des systèmes médicaux occidentaux avec une désinvolture déconcertante. Dès le moindre souci de santé, ces dignitaires traversent la Méditerranée pour se faire soigner dans les hôpitaux parisiens de pointe, tels que la Salpêtrière ou l’hôpital militaire de Percy. Ces établissements, réputés pour la qualité de leurs soins, emploient parmi leurs effectifs des médecins de toutes origines, y compris des spécialistes juifs, sans jamais soulever la moindre polémique. Ainsi, un paradoxe s’impose : l’Algérie condamne la présence d’un avocat juif pour l’un de ses prisonniers, tout en profitant ouvertement des compétences des médecins juifs lorsque l’élite algérienne se retrouve en détresse sanitaire. Ce contraste saisissant ne laisse personne indifférent et met en lumière une duplicité inouïe dans la manière dont le régime se positionne sur la question du racisme et de l’antisémitisme.
L’ironie de cette situation atteint son paroxysme lorsque l’on considère que la France, dont la République condamne formellement toute forme d’antisémitisme, se retrouve complice par son silence. Les autorités françaises, bien qu’alertées sur l’affaire Sansal, hésitent à condamner publiquement le régime algérien, de peur de compromettre des intérêts diplomatiques ou de susciter des remous au sein de la communauté algérienne en France. Ainsi, derrière le vernis de la bienveillance et du respect des droits de l’homme, se cache une véritable complaisance qui ne permet pas de dénoncer les dérives d’un État qui bafoue les principes élémentaires de la justice. La question se pose alors : comment un pays qui se veut garant de la liberté et de l’égalité peut-il tolérer qu’un de ses représentants soit privé de son droit à une défense digne, simplement à cause de sa religion ?
L’hypocrisie d’un État qui se drape dans les valeurs de liberté tout en imposant des discriminations raciales est une trahison de ses principes fondamentaux.
Ce scandale ne saurait être réduit à une simple affaire judiciaire. Il s’inscrit dans une dynamique bien plus vaste où la politique de l’Algérie se trouve irrémédiablement liée à une idéologie de haine, nourrie par des décennies de propagande et d’exclusion. L’antisémitisme d’État n’est pas un vestige du passé, il est aujourd’hui une arme de pouvoir utilisée pour asseoir la légitimité du régime auprès d’un électorat qui se reconnaît dans une rhétorique nationaliste et réactionnaire. Cette idéologie, qui se nourrit des conflits historiques et des ressentiments accumulés, trouve un écho favorable dans les discours de certains responsables qui n’hésitent pas à qualifier l’avocat de François Zimeray de « dangereux pour l’ordre social » ou de « perturbateur de la cohésion nationale ». Ce vocabulaire empreint de préjugés démontre à quel point le racisme institutionnalisé est devenu un outil politique pour légitimer des actions qui, en temps normal, seraient tout simplement inacceptables.
Le cas Boualem Sansal met également en exergue une dérive inquiétante dans le traitement des opposants politiques en Algérie. La détention prolongée de l’écrivain, combinée à l’acharnement judiciaire dont il fait l’objet, révèle une volonté claire de réduire au silence toute voix dissidente. En transformant la justice en instrument de répression, le régime algérien envoie un message brutal à tous ceux qui oseraient critiquer ses méthodes ou remettre en question son idéologie. Ainsi, la détention de Sansal ne relève pas simplement d’un différend judiciaire, mais d’une politique de terreur destinée à étouffer toute opposition. L’écrivain, par sa seule présence et par son refus de se soumettre, incarne un symbole de résistance qui, malgré l’oppression, ne peut être muselé. Sa situation, dramatique et inadmissible, doit servir d’exemple et inciter la communauté internationale à réagir face à une injustice qui ne connaît aucune frontière.
L’antisémitisme d’État n’est pas seulement un déni de justice pour une personne, il est le reflet d’une politique de répression qui vise à museler toute dissidence.
Dans ce contexte, la responsabilité des médias et des institutions politiques françaises se trouve également engagée. Comment expliquer que, malgré la gravité des faits, la couverture médiatique de l’affaire Boualem Sansal soit souvent édulcorée, voire passée sous silence ? La réponse réside dans une crainte latente de froisser un partenaire stratégique, ainsi que dans une tendance à éviter les confrontations directes avec des régimes qui, malgré leurs excès, restent indispensables dans le jeu géopolitique. Cette attitude, que certains qualifieraient de réalisme cynique, n’en demeure pas moins une abdication de l’éthique journalistique et de la responsabilité morale. En se refusant à dénoncer publiquement un système qui bafoue les droits de l’homme, la presse française contribue, sans le vouloir, à légitimer des pratiques qui devraient être condamnées au plus haut point.
La situation de Boualem Sansal doit être analysée à la lumière de l’hypocrisie ambiante qui caractérise les relations franco-algériennes. D’un côté, on assiste à une admiration feutrée pour les services médicaux français, qui accueillent sans discrimination les élites algériennes en quête de soins de qualité. De l’autre, le silence complice qui entoure les abus du régime algérien en matière de droits humains et de justice. Cette dualité, qui semble impossible à concilier, expose un dilemme moral pour la France. Comment défendre les valeurs républicaines de liberté et d’égalité lorsqu’on se voit contraint de faire preuve de pragmatisme dans ses relations internationales ? Ce paradoxe est d’autant plus saisissant que les faits ne laissent aucun doute sur la nature discriminatoire du système judiciaire algérien, qui s’acharne à exclure une catégorie de citoyens simplement à cause de leur origine.
Au cœur de ce scandale, l’avocat François Zimeray est devenu le bouc émissaire d’un État en crise, accusé à tort de mettre en péril l’ordre national. En refusant de lui accorder le visa nécessaire pour se rendre en Algérie et défendre Boualem Sansal, le pouvoir en place envoie un signal de terreur à tous les professionnels du droit qui pourraient, un jour, vouloir intervenir pour garantir une défense équitable. Cette mesure, qui relève clairement de la discrimination, s’inscrit dans une logique de répression qui dépasse largement le cadre légal pour devenir une véritable politique d’exclusion. Le message est sans équivoque : toute tentative de défendre les droits fondamentaux des citoyens, si elle est associée à une identité jugée « incompatible » avec l’idéal national, sera systématiquement rejetée.
Face à cette dérive, il incombe à la communauté internationale et aux institutions européennes de prendre position. Le respect des droits de l’homme ne saurait être une option négociable, même dans le cadre de relations bilatérales complexes. La France, qui se veut le défenseur des valeurs républicaines, doit impérativement réagir et faire pression sur l’Algérie pour qu’elle mette fin à ces pratiques discriminatoires. Il s’agit non seulement d’un impératif moral, mais aussi d’une question de crédibilité sur la scène internationale. La situation de Boualem Sansal doit être érigée en exemple des dérives que peut engendrer un antisémitisme d’État, afin que jamais plus une voix dissidente ne soit réduite au silence pour des raisons purement identitaires.
Il est temps de rappeler que la liberté d’expression et le droit à une défense équitable sont des piliers inébranlables des sociétés démocratiques. En entravant l’accès à la justice pour des raisons raciales, l’Algérie ne fait pas seulement l’objet d’une condamnation internationale, elle se condamne elle-même à l’isolement. Le cas de Boualem Sansal est une mise en garde pour tous les États qui chercheraient à justifier des pratiques discriminatoires au nom d’une idéologie nationaliste. Les élites politiques et médiatiques françaises ne sauraient rester indifférentes à cette situation scandaleuse. Il est urgent que la parole publique se fasse entendre et que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à cette politique d’exclusion.
Cette affaire, qui expose avec une lucidité implacable les failles d’un système judiciaire répressif, doit servir de signal d’alarme pour la défense des droits de l’homme. Il n’est pas acceptable qu’un écrivain, dont la plume a toujours prôné la liberté et la vérité, soit traité comme un simple objet politique, privé de tout droit fondamental à une défense équitable. La communauté internationale, les défenseurs des droits de l’homme, et surtout les citoyens éclairés, doivent se mobiliser pour exiger la libération immédiate de Boualem Sansal et la levée de toutes les discriminations qui gangrènent le système judiciaire algérien.
L’heure est venue de briser le silence complice et de dénoncer avec force l’hypocrisie d’un État qui, par son antisémitisme d’État, trahit les valeurs mêmes de la justice et de la dignité humaine. Ce n’est plus seulement l’affaire d’un prisonnier, mais celle de tous ceux qui croient en une société où la justice est impartiale et où la discrimination n’a pas sa place. La France, en tant que gardienne des droits de l’homme, se doit de prendre position et de refuser toute forme de coopération tacite avec un régime qui perpétue la haine et l’exclusion. L’intégrité de nos valeurs républicaines est en jeu, et il est de notre devoir de les défendre, coûte que coûte.
La tragédie de Boualem Sansal doit servir de leçon à tous ceux qui, par indifférence ou par calcul, permettent à l’antisémitisme de s’enraciner et de se développer. Le temps des compromis est révolu ; il est désormais impératif de prendre des mesures fortes et décisives pour garantir que la justice, dans toute sa pureté, triomphe sur les préjugés et les discriminations. L’avenir de la démocratie se mesure à la manière dont nous traitons les plus vulnérables et à la force de notre engagement pour les droits universels de l’Homme. Ce combat, qui semble parfois perdu d’avance face à la machinerie d’un État répressif, est en réalité le fondement même de notre civilisation.
Il est temps de faire front commun, de refuser d’être complices par le silence et de réclamer avec une détermination inébranlable la fin d’une politique d’exclusion qui ne peut que conduire à l’isolement et au déclin moral. Le destin de Boualem Sansal n’est pas scellé, et chaque voix qui s’élève contre l’injustice est une lueur d’espoir dans l’obscurité d’un régime haineux. Agissons ensemble pour que, demain, plus jamais aucun citoyen ne soit traité comme un paria simplement à cause de son origine ou de sa religion.