Que le gouvernement israélien invite Marion Maréchal à une conférence sur l’antisémitisme, voilà qui donne des sueurs froides à toute la gauche morale, celle qui a troqué la lutte contre la haine antijuive pour un laïus indigéniste où l’islamisme est toujours la victime et jamais le coupable. On comprend leur panique : les Juifs ne votent plus comme on leur ordonne. Pire, ils votent avec leur instinct de survie.
Ce déplacement de Marion Maréchal, bientôt suivi de Jordan Bardella, fait grincer les dents d’un système politico-médiatique qui, depuis cinquante ans, a laborieusement assigné les bons et les méchants sur l’échiquier idéologique : l’extrême droite, c’est le diable ; la gauche radicale, c’est la morale. Mais voilà que la réalité, cette trublionne, vient ruiner ce théâtre d’ombres. Oui, le vote juif glisse vers le camp national. Oui, la protection des Juifs ne vient plus de ceux qui marchaient en leur nom, mais de ceux qu’on accusait de les menacer. Oui, les masques tombent, et ce n’est pas un spectacle pour âmes sensibles.
Dans ses propos tenus à Jérusalem, Marion Maréchal ne prend aucune pincette. L’antisémitisme a explosé depuis le 7 octobre. Triplement, dit-elle. Et elle n’exagère pas. Les écoles sont devenues des terrains minés pour les enfants juifs, les facs des bastions indigénistes, les rues des zones d’intimidation. Les “quartiers sensibles”, cette novlangue obscène pour désigner les enclaves islamisées, ont remplacé les brasseries d’autrefois où l’on débattait de Zola. Aujourd’hui, on y insulte Sarah.
“Je ne saurais parfaitement vous le décrire. C’est insoutenable.” Ce sont ses mots après avoir visionné les vidéos des atrocités du 7 octobre. Elle n’a pas besoin d’en dire plus. Les islamistes, eux, en disent trop. Ils filment, ils se félicitent, ils diffusent. Et pendant que ces barbares exhibent leur haine avec une fierté pornographique, les professionnels de la nuance trouvent encore à dire que “le Hamas ne se résume pas à cela”. Sans doute comme on expliquait que les SS faisaient aussi de la musique.
Le véritable scandale n’est pas dans la présence de Marion Maréchal à Jérusalem, mais dans l’absence de ceux qui, depuis des années, prétendent incarner la résistance républicaine. Où sont passés les Mélenchon, les Hidalgo, les Plenel ? Occupés à pleurer Gaza en boucle pendant que les enfants juifs pleurent leurs morts. Quand ce n’est pas leur sécurité qu’ils enterrent, c’est leur voix.
Maréchal le dit clairement : “Les Français de confession juive se tournent vers le camp national.” Voilà l’indicible qui devient audible. Ce n’est pas une trahison. C’est un réflexe de survie. Le désenchantement face à une gauche plus prompte à dénoncer l’islamophobie imaginaire qu’à combattre l’antisémitisme réel, à faire taire les voix juives dissidentes qu’à dénoncer les alliances islamo-gauchistes, à banaliser les pogroms verbaux tant qu’ils sont proférés en keffieh.
“Il n’y aura pas de lutte efficace contre l’antisémitisme sans réponse migratoire.” Là encore, le propos est d’une lucidité que seuls les aveugles volontaires refuseront de voir. Oui, une immigration de masse issue de pays où le Juif est haï depuis le berceau a reconfiguré l’antisémitisme en France. Il est devenu plus brutal, plus décomplexé, plus virulent. Le Coran brandi à la place de Mein Kampf, mais la cible reste la même.
La République a peur de nommer les bourreaux dès lors qu’ils ne ressemblent pas à Maurice Papon.
L’antisémite, aujourd’hui, a une barbe, une djellaba et une excuse sociale.
Alors on comprend pourquoi Marion Maréchal dérange. Elle ne récite pas le catéchisme. Elle nomme. Elle accuse. Elle refuse de s’agenouiller devant les nouveaux chiens de garde de la bien-pensance. Elle voit, en Israël, non un allié électoral, mais un partenaire de destin. Deux nations attaquées pour ce qu’elles sont : des nations.
Et que dire du silence embarrassé sur la future venue, probable, de Marine Le Pen en Israël ? La même qui, il y a encore vingt ans, incarnait l’abomination politique pour toute une caste médiatique. Mais aujourd’hui, dans un monde où les Mélenchon pactisent avec les Frères musulmans et les socialistes défilent sous des drapeaux du Hamas, Marine Le Pen apparaît presque modérée. Le réel a ceci de cruel : il finit toujours par pulvériser les caricatures.
En se rendant en Israël, Marion Maréchal n’a pas simplement posé un acte diplomatique. Elle a inscrit une ligne de fracture. Entre ceux qui protègent les juifs et ceux qui les abandonnent. Entre ceux qui voient l’islamisme pour ce qu’il est, et ceux qui y voient une culture à ménager. Entre ceux qui veulent encore que la France reste la France, et ceux qui l’ont déjà vendue aux idéologies postcoloniales.
Le camp national, aujourd’hui, ne se définit plus par sa prétendue xénophobie, mais par sa volonté de défendre une civilisation. Et les juifs de France, qui savent ce qu’il en coûte de ne pas voir venir le pire, l’ont bien compris.