Les bannis de la République : quand le peuple devient l’ennemi intérieur

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Il fut un temps – que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître – où les dirigeants parlaient au peuple sans lui parler d’en haut. Aujourd’hui, ce n’est plus un dialogue, mais un monologue arrogant, récité depuis des salons parisiens tapissés de bonne conscience. Il ne s’agit plus de gouverner, mais de rééduquer. De corriger les « écarts », les « dérives », les « ressentiments ». Et surtout, de faire comprendre aux Français trop enracinés, trop attachés à leurs repères, qu’ils sont devenus les indésirables de leur propre pays.

On ne leur conteste pas seulement leur mode de vie. On les somme de se taire. Ils sont devenus les suspects ordinaires. Coupables d’être majoritaires, donc menaçants. Coupables de ne pas croire aux dogmes progressistes, donc rétrogrades. Coupables de vouloir la sécurité, la stabilité, la continuité, donc potentiellement fascisants. Voilà l’aveu à peine masqué d’un certain pouvoir : ce peuple-là n’est pas seulement mal-pensant, il est malvenu.

Il ne suffit plus de gouverner sans le peuple, il faut désormais gouverner contre lui.

On les observe de loin. Comme des phénomènes exotiques. Quand ils votent « mal », c’est qu’ils ont été « intoxiqués ». Quand ils manifestent, c’est qu’ils ne comprennent pas. Quand ils s’abstiennent, c’est qu’ils se désintéressent. Jamais il ne vient à l’esprit des maîtres du discours qu’il puisse s’agir d’une lassitude lucide, d’un rejet éclairé, d’un refus sain de pactiser avec le mensonge. Car ce peuple-là n’a pas le droit à l’intelligence. Il est irrationnel par essence. L’élite décrète, le peuple subit – et s’il résiste, c’est qu’il délire.

Le mépris est tel qu’il a fini par se faire système. On ne discute plus : on classe. On ne comprend plus : on psychiatrise. Il ne s’agit pas de répondre aux inquiétudes, mais de les disqualifier. On parle d’ »obsessions identitaires », de « replis réactionnaires », de « peurs irrationnelles ». Et pendant ce temps, la majorité réelle, celle qui paie ses factures, qui vit dans des territoires oubliés mais pas désertés, qui ne trouve ni médecin, ni flic, ni juge, ni député à qui parler, apprend qu’elle devrait se faire toute petite. Car la vertu est dans l’effacement.

Ce n’est pas une majorité silencieuse, c’est une majorité rendue muette.

Les tenants de la haute morale républicaine n’aiment plus la République. Ils aiment l’utopie. Le monde sans frontières, sans contraintes, sans limites. Un monde où la nation est un gros mot, la culture une suspicion, l’autorité une violence, et la volonté populaire une insulte au droit. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à une attache concrète – à un territoire, à une langue, à une histoire – est devenu objet de suspicion. Pendant ce temps, on importe à pleines brassées des concepts américains, des communautarismes affectés, des culpabilités prêtes-à-porter.

La fracture n’est pas sociale. Elle est morale. Elle oppose ceux qui croient encore à l’ordre des choses – non par nostalgie, mais par nécessité – à ceux qui confondent progrès avec effacement. D’un côté, les gens ordinaires, qui savent que sans bornes, il n’y a pas de paix. De l’autre, ceux qui vivent de subventions publiques et de posture compassionnelle, persuadés que la décadence est un progrès, tant qu’elle est bien habillée.

Le malheur, c’est que ces derniers tiennent le haut du pavé. Ils monopolisent les médias, l’école, la justice, la culture. Ils ont décidé que la France d’en bas devait se faire oublier, ou mieux, se rééduquer. Mais ils ignorent une chose essentielle : cette France-là, la vraie, n’a pas besoin de poster des vidéos larmoyantes sur TikTok pour exister. Elle tient debout, justement parce qu’elle n’a jamais été portée par personne. Elle n’attend plus rien. Et c’est ce qui la rend redoutable.

Quand le réel revient, c’est toujours en silence – puis dans le fracas.

Elle reviendra. Pas dans les plateaux télé, mais dans les urnes. Pas dans les hashtags, mais dans les bulletins. Pas dans les concerts caritatifs, mais dans la rue. On ne méprise pas impunément une nation qui sait ce qu’elle vaut. On ne pousse pas à la marge ceux qui tiennent encore debout ce qui reste du pays. Et il ne faut pas se tromper de cible : ce ne sont pas les populistes qui menacent la démocratie, ce sont ceux qui refusent au peuple le droit de décider de son destin.

Il faudra bien un jour que les élites rendent des comptes. Non pour leur arrogance, mais pour leur trahison. On ne gouverne pas un peuple qu’on déteste. On ne dirige pas un pays dont on renie les fondements. Il faudra bien un jour qu’on cesse de faire de la morale avec les mots des autres et de la politique avec les enfants des autres.

***Les journalistes d’EnAlerte.fr utilisent un nom d’emprunt et une image générée par IA pour préserver leur confidentialité et garantir leur liberté d’expression.***
Doron Parker
Doron Parker
Doron Parker, 53 ans, vit à Lyon et occupe un poste à responsabilités dans une grande entreprise industrielle. Malgré un emploi du temps chargé, il a fondé EnAlerte.fr pour offrir une plateforme citoyenne où les idées et les opinions peuvent s’exprimer sans crainte de la doxa dominante.

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